Certains noms de famille sont si répandus en France qu´il est impossible de déterminer leur point d´origine. Le plus souvent d´ailleurs, les origines de ces noms semblent multiples, comme s´ils avaient été attribués simultanément dans le passé en plusieurs points du territoire . D´autres, au contraire, sont si rares et si étroitement cantonnés à une région, parfois à un village seulement, qu´on ne peut douter qu´une seule personne le porta un jour et que la seule descendance de cette personne le porte aujourd´hui. Enfin, certains patronymes sont si caractéristiques qu´on peut leur attribuer avec précision une origine dans telle ou telle partie de l´Ardèche. L´expérience montre que pour ces noms, une étude généalogique rapide ramène celui qui le porte, même s´il réside à l´autre extrémité de la France, à la recherche de ses ancêtres les plus lointains en Ardèche. Sans prétendre, bien sûr, à l´exhaustivité, voici quelques exemples de ces noms qui fleurent bon le terroir ardéchois. Rendu relativement célèbre par une industrie florissante, le patronyme COMBALUZIER est l´un de ces noms ardéchois. Il a son origine dans le sud du département et en particulier dans la commune de St Paul le Jeune. A l´autre extrémité du département, les BECHETOILLE portent aussi un nom bien ardéchois. Gens de la terre devenus financiers de renom, leur nom est issu des pentes boisées de la Vocance où beaucoup de paysans travaillaient le bois. Le bois de chauffage était utilisé sous la forme de bûches que le patois occitan désigne sous le nom d´ « ételles ». « Bechar » signifiant frapper, le « béchetelles » était celui qui coupe les bûches. Pour les mêmes raisons, le pic-vert était appelé « bechebois ». Issus de lieux-dits ardéchois, certain patronymes ne peuvent renier leurs origines. Il en est un bien particulier dont l´expansion montre peut être le caractère aventureux de ceux qui le portent : il a pour origine une petit hameau de l´actuelle commune de Vanosc qui porte aujourd´hui le nom de Vertrosc. Pourquoi ce toponyme, probablement ancien, fut-il au Moyen Age remplacé par le nom latin « Inter Cingulis » ? On trouve en effet Vertrosc affublé de ce nom dans certaine chartes.Les ENTRESSENGLE ou DENTRESSENGLE en seraient issus. Les SENOUILLET sont aussi ardéchois de souche : leur origine est la commune de Darbres où un lieu-dit porte ce nom. De même les chalabreysse retrouveront leur origne à Genestelle, les SEIGNOVERT à St Jeure d´Ay et les BALANDRAU à St Symphorien de Mahun. Les DATHUEY ont quitté un jour le village de Thueyts, les DANNONAY la capitale du Haut Vivarais, Les VICTOURON leur vieux St Victor, les CHAMPEYRACHE la vallée de l´Ouvèze et St Julien en Saint Alban, les BALAZUC leur vielle église romane de « Baladunum », les CHAMONTIN la vallée de l´Ardèche et Vallon Pont d´Arc, etc…. | Mais il faut citer parme les patronymes typiquement ardéchois des noms plus curieux encore. Connaissez-vous celui d´ARNISSOLLE ? Il est issu d´une belle lante de la montagne que les gens des Boutières cueillaient autrefois à des fins alimentaires. Le patronyme TAULEMESSE est aussi ardéchois et dévoilait le caractère accueillant de ceux qui le portaient (« table mise »). Les CHOMEL, les FANGET, les SAUZEAT, les PLAGNAT, les JURDIC sont issus du Nord Vivarais. Les VALLADIER, les MAYGRON, les PESCHAIRE, les ELDIN sont des enfants du sud de l´Ardèche. Les REYNOARD, les ESPIARD ont vécu le long du Rhône moyen. On peut ainsi, au premier coup d´œil, désigner une origine assez précise à un grand nombre de patronymes ardéchois. Le patronyme GUIGAL apparaît à St Jacques d´Atticieux au début du 14º siècle, alors qu´on y trouve auparavant que des GUIGON. On est donc fondé à admettre qu´il peut en être une déformation accidentelle . Le patronyme MONTCOUQUIOL occupe le centre du Vivarais et une belle légende s´attache à ce curieux nom de famille. Lors du décès inattendu du Dauphin Francois au Château de Tournon en 1534, son précepteur italien le comte de MONTECUCULLI fut accusé de l´avoir empoisonné et condamné à mort. Son fils l´accompagnait, qui aurait fait souche en Ardèche. En l´absence de documents probants, quel crédit faut-il accorder à cette belle histoire ? Mais ainsi que les langues, qui vivent, évoluent et meurent, les patronymes sont un matériau vivant. Certains disparaissent, d´autres s´expatrient ou se dénaturent. R. VALLADIER-CHANTE (1) estime que 30 % seulement des noms cité dans les Estimes de 1464 en Basse Ardèche perdurent aujourd´hui dans les mêmes lieux. En ce qui concerne le Haut Vivarais, la même étude serait à faire mais des patronymes ont aussi disparu depuis les Estimes : citons à titre d´exemple le nom de QUINTRAUD, très commun dans la région d´Annonay au 15º siècle ainsi que deux patronyme ardéchois amusants d´autrefois : LANU (poilu, « laineux ») et QUATREPIES ( petite taille : 1, 30 m.). Enfin, si l´on en croit Laurent FORDANT (2), les dix noms les plus portés et n´existant aujourd´hui qu´en Ardèche sont : ESTYOULLE, MONTREVEL, SASSOLAS-SERRAYET, TEILHAS, ANZORAS, LIOUTIER, PRALLY, ROCHALON, TOURVIEILHE et ISAAC-TOURRE. Michel GUIGAL Robert VALLADIER-CHANTE : « Le Bas Vivarais au XVº siècle » E. et R. 1998 Laurent FORDANT : « Atlas des noms de famille en France » A. et C. Swic 1999 |
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