Généa…logiciels

« Je ne suis pas équipé en informatique et je n’y connais rien…… Et d’ailleurs je me débrouille très bien comme ça….. » C’est la réponse stéréotypée de ceux qui n’ont pas franchi le pas. Effectivement, ils se débrouillent très bien, surtout quand ils sont tout à fait débutants et qu’ils n’ont à gérer que quelques centaines de fiches tout au plus, ou encore quand ils sont des chercheurs chevronnés et extrêmement méthodiques. Mais entre les deux, il y a ceux qui ne sont ni débutants, ni méthodiques. Et ils sont si nombreux qu’on en oublie les autres. Essayons de construire une typologie de ces chercheurs innombrables qui ont l’impression de se débrouiller très bien sans l’informatique: – Il y a d’abord les impatients: ceux qui commencent leur recherche généalogique en remontant en flèche leur lignée agnatique comme ils montent un escalier: quatre à quatre…… 2, 4, 8, 16, 32, 64… Ils ont déjà identifié celui qui portait leur patronyme sous Henri II avant d’avoir recherché la date de mariage de leur grand oncle. Oui, mais ils s’aperçoivent alors que ce mariage pendant la Révolution Française était si mal écrit qu’ils l’ont mal lu. Leur BONNET était un BOUVET, leur ESCLEINE un ESCUDIER et tout est à reprendre: patatras ! – Il y a ensuite ceux qui seraient méthodiques s’ils connaissaient une méthode: mais ils se sont lancés dans l’aventure avec l’innocence et la candeur de leur ignorance. « On verra bien !  » Et patiemment, ils ont feuilleté des registres, des tables decennales. Bien sûr, ils ont appris à s’en servir par eux mêmes, en tâtonnant un peu au début. Puis avec une certaine maîtrise. Ils ont franchi allègrement les quelques décennies pendant lesquelles tout va bien pour le chercheur: de 1902 à 1802. Puis au-delà, ils sont tombés dans la panade révolutionnaire: plus de tables decennales, des dates incompréhensibles (3° sans-culottide an VI : KEKSEKSA ?), une écriture qu’on voudrait plus lisible et une orthographe des patronymes de plus en plus fantaisiste. De quoi se décourager si l’on n’a pas la chance d’avoir sous la main un permanent de la SAGA pour vous dire: « 3° sans-culottide an VI = 19 septembre 1798 ».  – Il y a les quelques dilettantes: ceux qui survolent, lisent, et ne notent rien. Très vite, ils sont attirés par l’aspect anecdotique des registres, les mentions marginales, les documents annexés: « Tiens ! Une victime de la guerre des Dardanelles ! Un communard ! » Puis quelques semaines après: « Au fait, le Communard, c’était qui ? ». – Il y a aussi les perfectionnistes, les méticuleux, ceux qui notent tout. En quelques heures de travail, ils ont déjà 300 fiches individuelles qu’ils classent soigneusement. Mais voyons comment les classer: Alphabétique ? Chronologique ? Hum ? Et puis, comment les retrouver quand il y en aura 3.000 ? – Il y a encore ceux qui ne rêvent que d’arbres somptueux et qui, règles et équerres en main, dessinent, ornent, calligraphient, oubliant parfois de vérifier les filiations auparavant. Ceux -là passent beaucoup de temps à dessiner et le temps leur manque parfois pour la recherche. Face à ces espèces variées de généalogiste amateurs, il y a ceux que certains considèrent comme des chanceux, d’autres comme des maniaques: les « G.A.I. » Attention: pas de confusion! Il s’agit des « Généalogistes Amateurs Informatisés » et rien d’autre…. Pour ceux là, pas de problème de « mémoire qui flanche », pas de problèmes de fiches qui se mélangent ou se confondent, pas de problème de calendrier républicain, pas de problème de construction d’arbres, qu’ils soient ascendants ou descendants. Une pression légère sur un bouton et crac! Voici la fiche recherchée, la liste éclair souhaitée, la nomenclature alphabétique, chronologique des ancêtres qui demanderait des heures de travail. Voilà un arbre ascendant ou descendant, une liste indentée, un plan de cousinage. Et tout cela imprimé noir sur blanc ou en couleurs à la demande.

Alors ? Quand est-ce qu’on s’informatise ?

Michel Guigal