Jusqu’au XII° siècle, environ, les Français n’avaient qu’un prénom et pas de nom de famille. Les monarques ou les prétendants se faisaient reconnaître par un qualificatif : Louis le Hutin, Clodion le Chevelu, Philippe le Bel, Charles le Chauve, Charles le Téméraire, Philippe le Bon, Pépin le Bref (le petit), Charles Magne (le grand), Charles le Fol, Jean Sans-Terre, etc. Dans un autre registre, il en était de même des reines : Berthe au grand pied (de Laon), Jeanne la Boîteuse (de Bourgogne), Blanche Belle Sagesse (de Navarre), Jeanne l’Estropiée (de France). Puis lorsque, fondant une dynastie, le fils a commencé à succéder à son père, les rois successifs se sont fait connaître par un chiffre (qui existait déjà pour nombre d’entre eux): François est devenu François Ier lorsqu’il y a eu un François II; Charles VI, Louis XII, Henri IV, Louis XIII, etc La généalogie était l’affaire des Grands de ce monde qui pouvaient ainsi établir leur prétention à un trône ou un titre, et surtout établir le non-droit d’un tiers à cette même prétention. La noblesse et, plus tard, l’aristocratie ont dû tenir un compte de leur descendance pour bénéficier du droit héréditaire sur une fonction, un titre, des biens et une rente. D’autres personnages célèbres étaient connus de la même manière comme Pierre l’Ermite, Jeanne la Pucelle Au XII° siècle, en raison d’une forte démographie, les Français ont commencé à se donner un patronyme qui caractériserait leur famille. Ce nom était le plus souvent – une précision de lieu : du puits, du pont, du val, du bois, de l’aval, de l’amont, de la rivière – un caractère physique : le grand, le nain, le blond, le brun, le roux, le noir, le bègue, le tors – un métier : meunier, fournier, boulanger, ferratier Et en 1474 Louis XI a interdit à ses sujets de changer leur patronyme sans une autorisation royale. Dès lors une généalogie patronymique ordinaire est devenue possible. Encore fallait-il garder le souvenir de ses ascendants ; or les Français ne savaient ni lire ni écrire et il fallait le concours d’un érudit pour « emboîter » les personnes et surtout pour noter ces informations quelque part. Les curés, piliers de la monarchie française et centre de la vie familiale, avaient toutes ces capacités ; ils savaient lire et écrire, au moins en latin, et ils possédaient du papier, de l’encre et des plumes qu’ils savaient fort bien utiliser. Ils étaient donc l’intermédiaire de choix pour tenir le compte des citoyens, très soumis à la chose religieuse, d’autant que cette comptabilité des sacrements (baptême-mariage-sépulture) conférait aux registres un caractère presque sacré. De plus le roi était ainsi censé connaître en permanence le nombre de ses sujets, arithmétique judicieuse pour établir tant un rôle des impôts que l’estimation d’une armée potentielle. Enfin la Révolution française a mis un point final aux BMS du clergé en instaurant un état-civil laïc tenu par un maire, d’abord nommé, ensuite élu. A cette même époque, les habitudes des Français ont été aussi modifiées avec l’instauration du calendrier républicain qui a changé le nom des mois et des jours, le début de l’année et la liste des prénoms disponibles, fleurant bon les vertus, le travail manuel, les semailles et les moissons. Il a fallu aussi s’habituer à ce que le 25 décembre 1794, jour de Noël, devienne le 5 Nivôse An III, quintidi, jour du Chien ; il était opportun alors de prénommer « Chien » un enfant né à Noël ! Mais même si c’était une obligation républicaine, beaucoup de Français n’ont pas appliqué toutes les vertus dudit calendrier. D’ailleurs quelques années plus tard, le 11 nivôse An XIV (1er janvier 1806) sur ordre de Napoléon lui-même, il a fallu procéder inversement, mais le clergé n’a jamais récupéré la « gestion du stock » des Français.. En 1870 la création du livret de famille a permis de fixer l’orthographe d’un patronyme qui, auparavant, avait tendance à fluctuer sensiblement. Nous sommes tous des rescapés La mortalité infantile était autrefois catastrophique et il fallait avoir au moins 5 enfants pour espérer que l’un d’entre eux atteigne l’âge adulte. La quasi-totalité des branches se sont ainsi éteintes faute de survivants. De plus, les famines, les guerres, les maladies et les conditions climatiques très rudes (*) ont chacune apporté leur lot de désolation aux survivants ; ainsi on estime que la peste de 1702 a tué la moitié des Européens. C’est dire si nous avons de la chance d’être présents aujourd’hui 0n peut alors imaginer que nous avons l’ardente obligation de poursuivre l’œuvre entreprise et si la population mondiale s’est largement agrandie c’est dû à un allongement spectaculaire de l’espérance de vie et non à une multiplication de notre progéniture puisque la moyenne par famille d’enfants en Europe n’a pas sensiblement changé si on ne tient compte que des survivants d’autrefois. Chaque individu a, bien sûr, un père et une mère (même s’il ne les connaît pas) et donc 4 grands-parents, 8 bisaïeuls etc. Comme il faut 2 000 ans pour remonter aux temps évangéliques, c’es-à-dire 80 générations environ, chacun de nous à, jusqu’à cette époque (et bien avant de remonter jusqu’à Adam et Eve !) 2 puissance 80 ancêtres, nombre tout-à-fait astronomique, ce qui bien évidemment est insaisissable. L’explication est que, à mesure que nous remontons dans le temps, nous avons de plus en plus d’ancêtres communs. Ainsi on estime que 8 Français sur 10 descendent d’Hugues Capet (roi des Francs de 987 à 996) et 9 sur 10 de Charlemagne. Capet n’était qu’un surnom, probablement dérivé de capito, tête. La généalogie capétienne est bien connue (il en existe un CD dans le commerce); elle commence avec Hugues, et se poursuit jusqu’à la Révolution et l’exécution de Louis XVI Capet, puis de la Restauration jusqu’à 1848. On y trouve beaucoup de monde, incluant aussi bien l’actrice Audrey Hepburn que les Présidents Bush et Barack Obama, Céline Dion, Ségolène Royal, Jane Birkin, Brooke Shields, Gérard Depardieu, etc. Le Grand-Duc Henri de Luxembourg de la branche des souverains de Parme, et le roi Felipe VI de la branche espagnole des Bourbons figurent parmi les derniers capétiens régnants. La première apparition d’une Noblesse remonte à la famille des Mérovingiens qui a maintenu l’ancienne noblesse romaine, non héréditaire. L’hérédité qui lui est attachée n’apparaît qu’avec Louis le Pieux (ou le Débonnaire), dernier fils vivant de Charlemagne, empereur d’Occident et roi de France à la mort de son père, en 814. Et depuis cette noblesse peut faire état de ses quartiers grâce aux actes et titres qu’elle a sagement conservés depuis l’origine. Les premières lettres d’anoblissement remontent à Philippe III Le Hardi, roi de 1270 à 1285, en complément des adoubements de chevalerie. Et Louis XIV a vendu de nombreux titres de noblesse pour remplir le trésor royal, mais ils ont été bien souvent révoqués par la suite Après l’hérédité un autre accès à la noblesse était l’anoblissement militaire, par le service des armes depuis 1410, très active de 1750 à 1790 et même automatique pour les lieutenants généraux et maréchaux de camp. Napoléon a créé des titres de Prince dans la famille impériale dès 1804, des ducs en 1806 et des comtes, barons et chevaliers en 1808. Tous ont reçu les titres héréditaires et les biens et rentes qui y étaient attachés. Pour eux la généalogie était essentielle, le petit peuple n’ayant pas ce genre de préoccupation, trop occupé à essayer de survivre. Quant au clergé, leurs membres savaient d’où ils venaient mais n’avaient pas à s’inquiéter (en principe) pour leur descendance ! Puisque nous avons tous des ancêtres communs, et une foule de cousins de plus en plus éloignés, il est amusant de chercher le lien qui nous relie certainement à des personnages célèbres. Nous avons presque tous au moins un lien avec les Rois de France, et beaucoup avec un Président de la République; cherchez bien…. (*) le 10 octobre 1827 il est tombé 972 mm d’eau en 21 heures sur Joyeuse alors que la moyenne annuelle en Ardèche est de quelque 1 150 mm. Et ce n’était pas vraiment le déluge puisque le mont Ararat, où s’est échoué l’arche de Noë après seulement 40 jours de pluie, culmine à 5 137 mètres, soit 5 285 fois plus haut. Le 16 octobre 1859 Pierre-Casimir TESTUD, militaire pensionné, a été emporté avec son cheval à Montpezat par l’Ardèche en furie (AD 07 – Montpezat-sous-Bauzon – décès 1859 – page 26/31). |