Les familles de noms et leur devenir
La plupart des noms de famille actuellement utilisés ont donc leur origine au 12° siècle. Ils ont, après ce long usage, subi des altérations qui font que leur signification n’est pas toujours évidente. Par ailleurs le fait que les personnes qui les portaient étaient souvent incapables d’en décrire l’orthographe explique les variations orthographiques nombreuses dont ils furent l’objet. Schématiquement, on peut dire que nos actuels noms de famille peuvent avoir quatre origines: 1°- Ceux qui proviennent de prénoms et ont été utilisés à l’origine pour désigner le père: noms germaniques (Jean fils de Robert= Jean ROBERT) ( ou noms bibliques (Pierre fils de Martin= Jean MARTIN). 2°- Ceux qui ont été au départ des sobriquets (Jean PETIT). 3°- Ceux qui font référence à un lieu d’origine (Jean DUPONT). 4°- Ceux qui font référence à une profession (Mathieu FAURE). Parmi les 20 noms les plus portés en France, on reconnaîtra facilement la famille à laquelle ils appartiennent: 1- MARTIN (bibl.) 2- BERNARD (germ.) 3- THOMAS (bibl.) 4- PETIT (surn.) 5- DURAND (surn.) 6- RICHARD (germ.) 7- MOREAU (surn.) 8- DUBOIS (orig.) 9- ROBERT (germ.) 10- LAURENT (bibl.) 11- SIMON (bibl.) 12- MICHEL (bibl.) 13- LEROY (surn.) 14- GARCIA (étranger) 15- LEFEVRE (prof.) 16- ROUX (surn.) 17- DAVID (bibl.) 18- BERTRAND (germ.) 19- FOURNIER (prof.) 20- GIRARD (germ.) | On pourra s’étonner de voir apparaître parmi les vingt noms les plus portés en France le patronyme très typiquement espagnol GARCIA. La guerre civile en Espagne n’est pas étrangère au phénomène, bien sûr, mais pourquoi cette surabondance de GARCIA par rapport à d’autres patronymes espagnols aussi fréquents en Espagne? La guerre d’Indochine a fait apparaître chez nous un patronyme dont le nombre est en train de monter en flèche: N’GUYEN. Peut-on évaluer de façon précise le nombre de patronymes existant en France ? Les données sûres et objectives sont rares. En 1969, une statistique réalisée à partir du seul annuaire téléphonique de Paris avait donné un total de 190.000 noms différents. Le Minitel donnerait sans doute de nos jours des chiffres plus précis mais il semble que ce chiffre s’établit aux environs de 300.000 patronymes si on s’en tient aux noms vraiment différents, sans tenir compte des orthographes variables. Ce flou dans le nombre de patronymes existants a alimenté une sorte de psychose. Il y a quelques années, après une thèse soutenue en 1979 par un polytechnicien, les médias s’étaient fait l’écho d’une crainte, celle de la raréfaction de certains noms de famille et de leur disparition éventuelle en quelques générations. Les calculs effectués par ce polytechnicien et publiés dans un ouvrage intitulé « Vie et mort des noms de famille » amenaient leur auteur à prévoir dans les vingt prochaines années la disparition de 75% des noms de famille. Les noms les plus fréquents le devenaient plus encore, les plus rares étant voués à une disparition rapide. Il semble aujourd’hui que ces calculs ne s’appuyaient que sur des données douteuses et que notre « stock » de patronymes ne diminue pas. On a pu démontrer, généalogies à l’appui, qu’un nom porté par plus de 10 hommes, n’a pas plus de 10% de chances de disparaître en 5 siècles. Un nombre infime des patronymes cités dans les « estimes » de 1464 a disparu de nos jours. Par ailleurs, rien ne permet de démontrer que les MARTIN, les BERNARD ou les THOMAS se multiplient au détriment des CAREMBUSTE. Alors ne vous désespérez pas trop si votre fils unique n’a lui même qu’un seul fils: votre patronyme a toutes chances de survivre tout de même ! Michel GUIGAL |
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